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Entre les frontières #2

  • cerremen0518
  • 28 sept. 2020
  • 6 min de lecture

Autant que le monde bouge et que les flux se multiplient, les mouvements humains, vus a priori comme une obligation naturelle, ne cessent d’augmenter. Ici et maintenant, ici ou ailleurs, du plus proche au plus lointain ou de l’autre côté de l’Atlantique, le phénomène migratoire reste un sujet parlant et parlé. Ainsi, de la période du 24 août au 26 septembre 2020, des éléments divers en rapport à la migration se sont succédé. Ils donnent lieu à un contexte transnational mouvementé. Ainsi, dans un souci de vous en informer, CERREMEN vous apporte précieusement ce qui se passe entre-deux, c’est-à-dire entre les frontières.


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Des villes et des régions allemandes se donnent volontiers à accueillir et à prendre en charge des migrants après l’incendie qui a ravagé mercredi 9 septembre 2020 le camp de Moria, en Grèce. Quoique, cinq ans avant, ils eussent accueilli des centaines de milliers de réfugiés, les différentes communautés allemandes s’adonnent à intervenir dans un contexte qu’elles qualifient d’impératif humanitaire. Cet appel trouve au fait l’approbation de la gauche, des Verts mais aussi de certains responsables conservateurs. Ils font ressurgir le débat ayant agité le pays en 2015. Des manifestations dans tout le pays, en particulier à Berlin, ont également rassemblé plusieurs milliers de personnes mercredi soir, après l’incendie, assurant sur leurs banderoles: «Nous avons de la place !». À noter que l’Allemagne compte présentement quelque 1,8 million de personnes ayant obtenu ou demandé le statut de réfugié, toutes nationalités confondues. D’autres Länder comme la Basse-Saxe ou la Thuringe lui ont également emboîté le pas, mais le gouvernement fédéral leur a opposé à ce jour une fin de non-recevoir en réaffirmant privilégier un compromis européen sur la répartition des migrants et migrantes sur le continent.


L’ONG de défense des droits de l’homme Amnesty International, dénonce le gouvernement maltais, l’accusant de «tactiques illégales» en Méditerranée pour avoir empêché l’arrivée d’immigrés effectuant la dangereuse traversée depuis l’Afrique du Nord. Elle précise au faut que le gouvernement maltais a eu recours à des mesures dangereuses et illégales pour faire face aux arrivées de réfugié-e-s et de migrant-e-s en mer. C’est donc une stratégie qui comprend des refoulements illégaux vers la Libye, le détournement de bateaux vers l’Italie plutôt que le sauvetage de personnes en détresse et la détention illégale de centaines de personnes dans des ferrys mal équipés au large des eaux maltaises. Certaines des mesures prises par les autorités maltaises peuvent avoir provoqué des actes criminels, entraînant des morts évitables, des détentions arbitraires prolongées et des retours illégaux vers la Libye déchirée par la guerre, a relaté l’Amnesty International.

Quelques jours après son investiture, le Président dominicain Abinader ordonne de renforcer la frontière avec Haïti. Malgré les mesures qui ont été déjà prises par ses prédécesseurs pour lutter contre l’immigration illégale, la contrebande et les crimes transnationaux, le nouveau Président élu dominicain Luis Abinader, a annoncé la présentation d’un plan d’intégration pour les prochains jours. Il a par ailleurs, à l’issue d’une tournée à Montecristi, annoncé l’extension du Port de Manzanillo et ordonné le renforcement de la frontière en raison de la situation de violence armée qui prévaut en Haïti et en prévision d’une nouvelle vague de manifestations anti-gouvernementales dans le pays voisin.

Au cours de la première semaine du mois de septembre, des manifestations pro et anti-migrant-e-s ont tenu en haleine l’actualité à Douvres, en Angleterre. D’un côté les protestataires prononcent des propos de bienvenus aux minorités, d’un autre côté ils et elles exaspèrent et demandent qu’on les débarrasse des migrant-e-s qu’ils ont osé d’appeler ordures. Malgré une politique migratoire endurcie, la traversée vers la terre de la Reine Elisabeth s’amplifie énormément. Selon le ministère britannique de l'Intérieur, plus de 5600 ont traversé la Manche à bord de petites embarcations cette année.

Cinq ans après la crise migratoire, l’Europe est embourbée dans ses divisions. En effet, depuis le premier afflux massif de migrant-e-s en Méditerranée en 2015, l’Europe a renforcé le contrôle de ses frontières mais peine à mettre en place une politique d’asile efficace. Au cours de cette année, l’Europe est prise de court, et accueille plus d’un million de personnes fuyant la guerre et la pauvreté. Non sans pression, le système d’asile européen organisé par le règlement de Dublin, qui confie le traitement des demandes d’asile au premier pays d’entrée dans l’UE, a explosé après avoir pesé notamment sur la Grèce et l’Italie. L’UE fixe, étant évidemment une urgence mondiale, à la demande de Berlin, des "quotas" pour répartir les candidats à l’asile au sein des Vingt-huit. Ce plan a priori imaginé pour 160 000 personnes, est quasiment resté lettre morte. C’est pourquoi, dès 2015, l’Allemagne a accueilli 900 000 personnes, plus de 5 fois le nombre qui a été prévu pour l’Europe toute entière. Plusieurs raisons expliquent un tel phénomène: l’élan de solidarité initial s’est notamment fracassé sur la ferme opposition des pays d’Europe centrale, la montée des mouvements populistes, le durcissement des législations nationales. Tous ces ingrédients ont fragilisé l’espace Schengen. Il s’agit donc d’un sujet irritant qui nécessite un nouveau plan d’accueil pour les pays européens.

En dépit des conséquences que les flux migratoires ont entrainées sur le plan global dans les pays de l’Union européenne, l’Allemagne a pu tenir debout. Même si des progrès restent à faire, l'Allemagne a quand même un bilan positif dans l’intégration des migrant-e-s. Cinq ans après, les évènements de 2015, environ la moitié des nouveaux venus en provenance de Syrie, d'Irak ou d'Afghanistan ont aujourd'hui un emploi. Il faut toutefois reconnaitre que des facteurs comme la maitrise de langue allemande, les migrant-e-s à faible qualification, les rôles que jouent les femmes restent encore largement sur la touche.

Les autorités italiennes ont décidé de venir en aide aux migrant-e-s présent-e-s sur le bateau affrété par l’artiste de rue Banksy. Les garde-côtes italiens ont répondu samedi aux messages de détresse en Méditerranée du navire Louise Michel, en évacuant prioritairement les 49 personnes les plus fragiles. Un bateau humanitaire affrété par Sea-Watch et Médecins sans frontières a recueilli les autres passagers.

Le Canada prolonge la fermeture de ses frontières internationales. Le gouvernement d'Ottawa a annoncé vendredi 28 août le prolongement de cette mesure jusqu'au 30 septembre afin d'éviter la propagation du coronavirus. Seul.e.s certain.e.s Américain.e.s pourront entrer sur le sol canadien. "Les citoyen(ne)s canadien(ne)s et les résident(e)s permanent(e)s qui rentrent au Canada continueront d'être soumis(e)s à des mesures de quarantaine", a précisé le ministre de la Sécurité publique Bill Blair sur Twitter. Depuis mars dernier, les voyageurs arrivant au Canada, qu'ils soient Canadiens ou non, sont soumis à une quarantaine obligatoire de 14 jours. Les ressortissants étrangers qui présentent des symptômes de la Covid-19 se voient quant à eux interdire l'entrée au Canada. Notons que, par ailleurs, le produit intérieur brut (PIB) canadien a accusé une chute de 38,7% en rythme annuel au deuxième trimestre, un plongeon sans précédent, rapporte l'institut de la statistique. Cette baisse de 38,7% du PIB est toutefois conforme aux prévisions des analystes sur les éventuelles conséquences de la Covid-19.


La petite île italienne de Lampedusa, dont le principal centre d'accueil est saturé en pleine pandémie, a accueilli dans la nuit de samedi à dimanche près de 370 nouveaux migrant-e-s qui voyageaient sur un vieux bateau de pêche. Une situation «sans précédent» sur l'île sicilienne, qui a poussé son maire à appeler à une «grève générale» pour faire réagir le gouvernement.


Athènes, par la voix de son Premier Ministre appelle l'Union européenne à faire de la "crise migratoire" une priorité suite aux incendies dans un camp de migrant-e-s à Lesbos. Le camp de Moria a en effet été dévasté par les flammes le 10 septembre 2020. Des milliers de demandeurs d'asile sans nourriture et sans eau erraient près des camps ravagés par deux incendies consécutifs. Pour le ministre grec, l'Europe doit passer des paroles de solidarité à une politique d'actes de solidarité. Il a poursuivi pour dire que l'Union européenne doit mettre la crise migratoire au cœur des discussions et être beaucoup plus concrète.


Un enseignant niçois, condamné pour avoir transporté trois Erythréennes illégalement en France en 2016, espère être relaxé en appel à la faveur d’une modification du code de l’entrée et du séjour des étrangers. Il s’appelle Pierre-Alain Mannoni. Il a comparu le mercredi 9 septembre devant la cour d’appel de Lyon pour avoir aidé des étrangères en situation irrégulière. Cette comparution lui a permis d’obtenir une modification de la loi qui consacre un "principe de fraternité". Son prétendu délit a changé la loi et est considéré comme le respect d’une obligation naturelle.

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